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Grand Raid des Pyrénées 2009

Posté par PHILFT le 25/2/2010 22:00:00

Notre Grand Raid des Pyrénées de 150 kms débute après plus de 1000 kms d'un long voyage en voiture effectué avec Philippe et Doumet.

Arrivé à Vielle-Aure Mercredi à 16h, nous allons directement à notre hébergement et nous installons avant d’aller retrouver Didier à l’arrivée de son bus. En effet il a fait le voyage en train jusqu'à Lannemezan et pris ensuite un bus l’amenant jusqu'au village
où se trouve notre hébergement.

Après avoir récupéré nos dossards nous allons préparer nos 2 sacs d'affaires de rechange que nous confierons à l'organisation pour pouvoir les retrouver au km 63 et au km 92 dans les bases de vies.
Le gros avantage du GRP par rapport à l'UTMB et qu'ici nous partons le matin à 5 h alors qu'à l'UTMB le départ est donné en soirée. Une seule nuit blanche complète au lieu de 2 sera nécessaire ici. J'ai prévu de boucler le parcours en 42 H. Pour estimer le temps nécessaire, je me suis basé sur le fait que le kilométrage était un peu inférieur à l'UTMB (150 au lieu de 164), que le dénivelé était identique (9300m+), et que les chemins étaient plus techniques et difficiles. Ayant bouclé mon dernier UTMB en 40 H, je me suis laissé une marge, d'autant plus que le balisage risque de provoquer quelques égarements (l'an dernier, seuls 40 coureurs ont pu terminer suite à de nombreux débalisages.

Vendredi 28 Août 2009
3h45 du mat, réveil dans la chambrée. 4h30, nous débarquons à proximité de la place de la Mairie du village de Vielle-Aure.
Conditions au départ : température douce au village de Vielle Aure, mais ciel complètement bouché, le plafond nuageux est
très bas. L'ambiance est très agréable, tout le monde est zen, pas de stress.
Nous passons dans le sas de départ et patientons ensemble. Juste le temps de faire pointer le dossard électronique, de papoter un peu sur nos tenues respectives, de prendre une petite photo souvenir avec le quatuor, quelques mots d'encouragement ... le départ est enfin donné, à 5h00 et des broutilles.

VIELLE-AURE 791m => COL DE PORTET 2218m(11,7Kms et 1427mD+)
5H du mat, j’ai des frissons. On a le temps de savourer ce départ, dans les rue de Vielle Aure, des encouragements, de la musique d'ambiance style ''fanfare, les clowns démarrent !'' Nous avons 1400 m de D+ à avaler dès cette première partie. Le début s’effectue sur la route jusqu’au village de Vignec, jetrottine tranquillement en compagnie de philippe.
Après une partie de route, nous commençons à monter sur un chemin carrossable en sous-bois. Le rythme est tranquille et nous attaquons très vite une portion raide où tout le monde marche en file indienne, avant de nouveau de reprendre en courant vers les Granges Lilas.
Passé les Granges Lilas, direction Espiaube. Le chemin est valloné dans la forêt, très agréable. Nous devons ensuite traverser la rivière à gué, De nouveau on se retrouve sur une piste avec quelques passages d’échelles de clôtures, vient la crête du Coudet. Re-escalier et petit chemin en forêt et encore un escalier permettant le passage des clôtures. Une descente avant de remonter le vieux chemin qu’il nous faut abandonner pour cause de nature inextricable, puis remontée courte mais raide dans le champ. Arrivée vers 1300 mètres on sort des sous-bois, la vue se dégage et on aperçoit le col de Portet.
Premiers encouragements au son des cloches en revenant sur la route, puis arrivée à Espiaube. Passage parmi les vieilles maisons et ensuite le plat vers les pistes de ski, on va attaquer du gros !
Aprés le parking de la station et le départ des remontées mécaniques (dommage elles ne fonctionnent pas). 9,200 Km et 780 d+ de parcouru en 1h35 environ.et nous voilà de suite dans le MUR ! Une belle pente on va dire. Derrière, en contre bas, c'est un ballet de lucioles, toujours appréciable dans ces courses nocturnes, le jour se lève tranquillement.Se profile 620d+ en 3 Kms. Tout va bien. On commence à monter sur une piste de ski, on atteint un petit replat vers 1950 mètres. Et rapidement nous attaquons une piste de ski et là le dénivelé augmente très rapidement. Dernier virage et nous voilà enfin à l’approche du sommet (2218m). Un peu d’air frais à ce col de Portet et cela fait du bien Il y a encore un coup de reins à donner pour atteindre le point de contrôle et de ravitaillement.
Arrivée au col de Portet en 02h31. ½ heure d’avance sur les prévisions.
COL DE PORTET 2218m => ARTIGUES 1190m (29,6 Kms et 377m D+) 1415m D- Via le col de Bastanet 2507m
Je repars pour une traversée panoramique, herbeuse, très agréable au dessus du lac de l’Oule. Le lac est là, premiers instants de régal sur ce GRP ! Puis un sentier en balcon jusqu’au Lac inférieur de Bastan. C’est superbe, les paysages sont magnifiques !!!
Nous longeons plusieurs petits lacs très beau et très bleu. Passage près du lac supérieur Montée maintenant progressive vers le lac du Bastanet. On saute bien le lac inferieur et nous retrouvons le lac du milieu et le refuge de Bastanet. J’en profite pour faire quelques photos. Je trottine tout le temps mais je fais très attention de ne pas me griller car il va falloir maintenant s’attaquer à l’ascension du Col de Bastanet (2507 m) point culminant du parcours. Là, changement total de décor, nous rentrons dans le domaine du minéral. Comme disez très bien le road-book, du caillou, du caillou et encore du caillou !!!!! La montée s’effectue sur un petit sentier très technique sur de gros blocs, par moment très raide.
Nous finissons par une traversée montante puis quelques petits lacets pour finir, ce qui me permet de terminer convenablement cette ascension. Le temps est superbe ! C'est un vrai régal
Arrivé au Col du Bastanet à 8h45 (19 km, 1800 d+) avec 1h d'avance sur le tableau de prévision où le ciel se dégage. Le col et sa vue imprenable sur les lacs de l’autre versant s’offre à nous. Chacun attaque sa descente, sans prise de risque, car le milieu est hostile ! Ensuite c’est mon terrain……
une belle descente bien technique ( surtout au début) de 1300 m de D-pour rejoindre le ravito d’Artigues.
Il fait un soleil magnifique et les paysages sont tout simplement sublimes. Nous passons successivement devant les lacs de l’Hourquette, de Campana et de Gréziolles. Je fonce mais j’en garde quand même sous la semelle, comme on dit, et je fais vraiment très attention ou je pose les pieds car cette descente est hyper technique avec de gros blocs. Je dévale à bonne allure en slalomant entre les pierres. Au pied du barrage de Gréziolle, nous effectuons une traversée en contournant le lac de Caderolles, les pierres laissent maintenant petit à petit place à de l’herbe mais par contre la pente s’accentue considérablement. Nous croisons des randonneurs avec leurs cannes dans le dos pour la pêche à la mouche dans ces lacs superbes.
A l'approche d'une bifurcation, je vois Doumet qui revient avec un petit groupe (c'est parce qu'il va trop vite déjà) il a raté le chemin, pourtant le balisage est bien là.Maintenant la brume a remplacé le soleil, la purée de pois nous entoure à nouveau.
Je le laisse passer devant moi  et nous  voilà reparti tous les deux vers Artigues, par ce joli sentier herbeux, bien sauvage, mais très humide Nous sommes maintenant dans le brouillard.Difficile de reconnaitre les lieux. Cà et là on devine quelques chevaux paissant tranquillement.
Nous suivons maintenant le Garret tout en gardant l’attention sur les balises car le brouillard et de plus en plus dense.
Cette descente m’a redonné un bon coup de boost et je file à bonne allure sur Artigues. Je suis maintenant dans la forêt et d’un coup j’entends le
bruit sourd de la cascade de Garret. Magnifique !!!!! Moins de brouillard, mais c’est maintenant la bruine soutenue qui nous accompagne. Je trottine tranquillement sur la route en vue du village  et arrive finalement au ravitaillement à Artigues. Je croise Philippe qui en sort et  attaque le col de Sencours. Le ravito est atteint en 5h10m ( 168eme position).Il y a beaucoup de monde et il fait chaud, dans le bâtiment c’est l'effervescence et les bénévoles se démènent pour servir tout le monde. Je fais donc assez vite pour refaire mes pleins. Déjà pas très faim, je me forçe à grignoter un carré de chocolat la seule chose me faisant envie, j’avale 3 verres de coca et prends deux tucs pour la route. Cette descente vers Artigues m’a détendu les jambes, un moment que j’ai bien apprécié. Je me sens bien et mon moral est au beau fixe. Après dix minutes, je décide de repartir.
Artigues – Col de Sencours (37,3 kms)  1200 m D+
C'est parti pour le Col de Sencours et ses 1200m de D+. J’attaque en marche rapide directement par une montée qui nous emmène aux cabanes de Tramezaygues  sur le col de Sencours (2378 m) (toujours dans la purée. Cette montée est longue mais relativement régulière, la pluie fine est toujours très présente mais je reste en tee shirt car il fait toujours chaud, la visibilité est  limitée. Je m’enferme dans ma bulle et monte comme un métronome, à mon rythme. Le temps est toujours couvert mais arrivé à 1800 m le soleil refait son apparition, au détour d’un virage je vois Philippe
qui semble en difficulté 50 m devant moi. Vu qu’il est parti  d’artigues quand j’y arrivais et de plus qu’il est bien meilleur grimpeur que moi
j’en déduis qu’il doit avoir un problème où alors que j’ai fait une grimpette d’enfer.
La pente n’est pas trop raide et caillouteuse mais je cherche l’air malgré une vitesse ascensionnelle très correcte pour moi. En se rapprochant du col la pluie cesse peu  à peu et  c’est avec le soleil que j’aborde le col et son ravito néanmoins dans les nuages.Le mur de grisaille se déchire.
Nous effectuons plusieurs traversées avant d’attaquer les dernières pentes qui nous amènent au sommet, Juste sous le pic du Midi. Cette montée s’avérera pour moi sans difficulté majeure bien que semblant très longue sans aucun paysage à admirer. Continuant ma stratégie d’arriver frais à Villelongue. Je me pose au soleil dans l’herbe avec Philippe, il a bien quelques difficultés avec son palpitant, étant  certainement parti d’Artigues assez rapidement, il se pose des questions et prévoit déjà de se faire examiner à Villelongue.
Nous faisons le plein de nos gourdes et j’avale pour ma part  3 verres de coca mon régime habituel, impossible de manger quoi que ce soit. Doumet nous rejoints quelques minutes plus tard, semblant en bonne forme.
Col de SENCOURS 2378m ---HAUTACAM 1720m      54,8 Kms et (756 D +  1414 D-)
Le prochain ravito est dans 17.5 kms, nous repartons ensemble. Doumet qui à revêtu son plus beau  marcel de compétition nous double. Nous rentrons à nouveau dans une zone alternant brouillard et petites  portions ensoleillées. Cette partie du parcours va être une succession de montagnes russes en alternance, tout un tas de dénivelés positifs et négatifs avec 4 cols à franchir ! Une  monotrace dans les nuages où la purée de pois, du trail pur jus, un casse pattes  qui entame les réserves. Je prends  soin de bien dérouler en souplesse dans les descentes, car celles-ci pourraient laisser
des traces. Nous passerons par les cols de la Bonida (2302 m), d’Aoube (2369 m), le lac bleu (que je ne verrai d’ailleurs pas du tout car le brouillard cette fois-ci très épais à refait son apparition, bien dommage !!!), le col de Bareilles (2238 m) un one step en ligne droite sans virage où presque et le col de la Hourquette d’Ouscouanou (1872 m). Le scénario sera à chaque fois le même, Philippe menant la danse dans les montée
et  temporisant en haut de chaque col en nous attendant Doumet et moi pendant quelques minutes avant de repartir dans les descentes ensemble où
presque, notre Doum Doum  ayant tendance à faire quelques accélérations  pas très adaptées à ce parcours encore très long. Maintenant nous sommes vraiment dans la nappe de brouillard et avec mes lunettes, j’ai bien du mal  à me diriger tellement l’humidité sur les verres m’empêche d’avoir une vision normale et réelle de otre environnement. Et ce qui devait arriver, arriva. A ce moment là, nous redescendons une douce traversée menant
aux hauteurs d’Hautacam, je rattrape Doumet entrain de marcher à un rythme  me paraissant très lent,  trop lent pour moi (je le sens dans le rouge), je l’accompagne un peu et le laisse pour reprendre un rythme  plus agréable, puis nous longerons les crêtes assez longtemps. J’atteindrai finalement le ravito d’Hautacam où Philippe m’attends depuis quelques instants. 2 cocas et une tranche de saucisson plus tard, Doumet n’étant toujours
pas arrivé nous repartons ensemble, pensant un moment qu’il a scratcher le ravitaillement. Le moral est là, le temps est toujours aussi pourri.
HAUTACAM 1720m =>  VILLELONGUE    504m   (65,2 Kms et  1216m D-)
Nous avons maintenant une grosse descente de 1200 m de D- qui va nous amener à la première base de vie, Villelongue. Nous décidons de rester ensemble jusqu'à la base vie. Cela commençe par une descente en ligne droite dans l’herbe très humide jusqu'à un pont assurant le passage de la rivière en contrebas et ensuite en pente douce sur un chemin très large sur une bonne piste forestière. Nous décidons de profiter de la section Hautacam-Villelongue pour se refaire la cerise, d'assimiler ce ravito, et d'en garder pour la suite. L'envie de dérouler sur cette belle piste est tentante, mais la route est longue, avec le Cabaliros comme prochaine difficulté. Nous savourons donc la descente.
Celle-ci n’est qu’une formalité nous descendrons sans courir mais en marchant d’un bon pas, un peu de temps perdu mais de l’énergie économisé en vue
de la suite des événements, c’est long  (quand ça descend, ça descend longtemps). Il y a quelques 10 km de descente et ça dure. Nous traversons le
joli village d’Ortiac où on ne croise pas âme qui vive. Villelongue est encore loin !  Le plafond est bas et je trouve que les kilomètres commencent à durer un peu plus que les 10 km promis. Après les sentiers coupant la route nous abordons enfin le village  de Villelongue puis la base de vie.
Là c’est le moment de bien relâcher la pression, de bien se reposer, de bien s’alimenter (si possible). J’ai maintenant bien l’habitude de ces bases de vies et j’essaye d’être méthodique afin d’être efficace sans trop perdre de temps quand même. Après avoir avalé  2 verres de coca comme d’hab, une petite soupe de vermicelle qui a du mal à passer, je fais les pleins d’eau. Philippe retrouve sous la tente Doumet qui a abandonné à Hautacam et qui s’est fait rapatrier pendant que nous descendions jusqu’ici, nous continuerons à deux. Didier le quatriéme larron est un peu en arriére, pas de nouvelles précises, il doit continuer son bonhomme de chemin. Un bon nettoyage des pieds à la sauvage, cette base vie n’étant pas équipé comme sur
l’UTMB (changement Tee shirt, corsaire, paire de  chaussettes + crème Nok), je referme mon sac d’assistance avant de repartir, je commence à frissonner c’est un signe qui ne trompe pas, il est grand temps de partir. Je bois une gorgée  d’eau et renvoi toute la soupe de vermicelle, super, tout va bien je n’ai plus grand-chose dans l’estomac. C’est véritablement  un problème insoluble chez moi,  pour attaquer le Cabbaliros je
n’aurai vraiment  pas beaucoup de  réserves.
Malgré tout j’ai la GNAC !!!!! Nous sommes prêt à démarrer le Grand Raid des Pyrénées !!! Eh oui je dis bien démarrer car la course commence maintenant !!!!!!
VILLELONGUE 5 04m =>  CAUTERETS 925m   (75,4 Kms et  1859 D+   1438 D-)
via le Turon de Bene 1549m et le pic de Cabaliros 2334m
Pour rejoindre Pierrefite, véritablement le pied du Cabaliros, petite surprise du chef ! Un mur à escalader, pour 50 mètres de dénivelé, afin d'éviter la route principale ! Cà remets de suite dans le bain au moins !!Et  hop, c'est parti ...
La pluie est toujours présente avec une brume plus où moins épaisse et la nuit va tomber, le temps rév é pour attaquer maintenant  le grand moment de la journée avec l’ascension du pic du Cabaliros, 1900 m de D+ d’affilé. Cette montée est en deux partie : une première de 1000 m de D+ jusqu’au Turon de Bene (1549 m) puis une deuxième de 900 m de D+ jusqu’au sommet (2334 m). Dorénavant la pluie ne nous quittera plus. Philippe est devant, Un panneau annonce le sommet dans 6h, à partir de là, comme prévu, je monte sur un rythme très régulier façon  ROBOT afin d’absorber au mieux cette ascension, un brouillard épais à refait son apparition, la montée longue mais régulière se passe  bien, pas beaucoup de monde sur cette trace, nous sommes seulement accompagné d’un autre trailer qui mène la danse avec Philippe, pour ma part un peu en retrait je fais équipe avec le  halo pluvieux de ma frontale.
Peu avant le point intermédiaire, nous dépassons un trailers en piteux état, il rejette triples boyaux et ne vas pas bien du tout, nous le rassurons en lui précisant que le ravitaillement est tout prêt, il acquiesse  en anonant que  ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Nous atteignons le ravito du Turon de Bene, nous pointons et rentrons dans la minuscule cabane, genre chalet d’environ une quinzaine de M2 où le ravito se tient. Ambiance plus que morose. Des traileurs  récupérent où sont en vrac sur les bancs avec des mines déconfites ou éprouvées, le genre d’ambiance à vous descendre un moral au beau fixe. Nous ressortons presque aussitôt. La café que je viens d’avaler  et rejeter aussitôt que je franchi le seuil, je frissonne, j’aperçois le trailer dépassé un peu plus tôt qui arrive, sont état est tellement évident que les secours l’aide tout de suite en lui précisant que la course est finie pour lui, c’est mieux ainsi.
J’apprendrais que c’est là, à la suite d’abandons successifs, au rythme d’un coureur sur deux, qu’auparavant la nouvelle était parvenue aux organisateurs, ce qui les avaient poussés à neutraliser pour un temps la course, inquiets des conditions. Je comprends mieux car l’environnement dehors est loin d’être accueillant. Pour sortir de la cabane il faut descendre une marche haute mais dessous c’est une mare de boue. Je négocie au mieux ce passage  et nous repartons pour cette deuxième partie, je n’ai  toujours rien avalé  comme aliment solide où liquide puisqu’e tout repart presque aussitôt, pour Philippe tout à l’air de bien se passer, je suis pressé d’en finir avec ce Caballiros.
Turon de Bene – Cauterets (91.4 kms)
Le temps est toujours aussi pourri, ce final est un peu difficile, j’ai bien du mal, je progresse à mon rythme, j’ai l’impression de me traîner et je ne peux calmer ces foutus halètements cherchant l’air comme un asthmatique. Philippe est toujours devant et  m’attend de temps en temps afin que je
recolle, il faut être vigilent sur la fin de l’ascension car il n’y a plus de chemin et nous devons passer à travers des pentes herbeuses et très glissantes à fort pourcentage en suivant les traces de nos prédecesseurs, la visibilité est très réduite, le balisage est limite souvent à même l’herbe , je commençe vraiment à taper dedans, Philippe à un problème de frontale, nous faisons une petite halte le temps de  remplacer ses pîles. Cette dernière portion très pentue  facilite le regroupement des trailers, le brouillard est omniprésent nous cernant de toutes parts, j’essuie mes lunettes  très souvent comme depuis  le début de cette progression dans le crachin perpétuel, c’est à dire depuis la descente vers hautacam, c’est très pénible, l’impression de n’avoir plus que 1 dixiéme à chaque œil. De plus la frontale me renvoie carrément la lumière dans les yeux et j’avance vraiment un peu à l’aveuglette, le terrain et de plus en plus gadouilleux et peu à peu la pente s’accentue.  Là, il faut serrer les dents et en mettre un coup afin de ne pas se laisser démoraliser. Enfin, nous arrivons au sommet.
Quelle délivrance d'en terminer avec ce Cabaliros ! Nous pointons auprès de deux bénévoles frigorifiés et emmitouflés dans des couvertures, ils sont protégés par un muret de pierre, un abri de fortune. Je pense à ce moment  que la descente devrait pouvoir me permettre une relative récupération. Les conditions deviennent de plus en plus difficiles (pluie, vent, brouillard) la descente reste un exercice que j’apprécie et où je vais certainement moins tirer sur mes maigres réserves, une descente de 1400 m de D+ en pleine nuit avec un brouillard à couper au couteau, une pluie fine
ininterrompue…..c’est la totale !!!!! . Nous dévalons les sentiers boueux, très technique, glissants et dangereux, beaucoup de trous, pierres, boue, combiné à l'obscurité de la nuit, nous contraignent à marcher où trottiner en faisant surtout très attention aux pierres rendues très glissante par la pluie. Les bâtons en descente nous sont d’un grand secours et nous prenons à tour de rôle de belles gamelles, je sens que Philippe est  saturée par cette descente, ses réflexions sont très explicites, il mène toujours le rythme et fera de multiples chutes.
Lorsque nous rejoignons la forêt, le chemin un peu meilleur nous permet de  décontracter un peu au cours du très long chemin nous amenant  jusqu'au ravito de Cauteret, c’est pendant cette fin de descente qu’il  me précisera que pour lui la course s’arrêtera là, sa décision est déjà prise. Pourtant il est toujours bien présent physiquement  mais il semble bien que le plaisir de courir l’a abandonné.
Le calme règne dans les rues quand nous traversons Cauteret et lorsque nous arriv ons dans la salle de la Mairie  l'ambiance si particulière des ravitaillements de nuit sur les Ultra nous envahie aussitôt. Les visages sont marqués, c'est silencieux car chacun se replie sur soi-même, d'autres sont allongés pour se reposer et malheureusement il y a des abandons. L’ambiance n’est pas à la fête et c’est là que Philippe abandonnera, n’ayant plus envie d’aller plus loin. Pourquoi ai-je continué sans même exprimer cette envie, je n’en ai encore maintenant, aucune idée. Cela a tenu à presque rien mais dire quoi j’en suis incapable. Nous pointons néanmoins dans la salle maculée de boue et sous les félicitations des bénévoles toujours attentionnés. Sans plus trop réfléchir nous nous installons pour  nous restaurer et souffler un peu. J'ai besoin de souffler un peu et je vais rester là 35 minutes au lieu des 15 nécessaire pour essayer de me nourrir afin de reprendre quelques forces. J’essaye de me remotiver avant de reprendre mon chemin seul maintenant. L’envie d’arrêter là m’aura traversé  l’esprit quelques secondes.
Je pensais il y peu de temps encore que pour la première fois nous pourrions finir un Ultra ensemble comme nous voulions le faire lors de notre découverte de l’UTMB, ma déception est grande et entame quelque peu ma détermination.
Il n’est pas loin de 5h du matin et ça se voit……la nuit commence à faire son effet et les visages de certains concurrents sont hagards……certains s’endorment même debout…….pffffffff……….pas terrible l’ambiance dans ce ravito…..ça sent la fatigue. Tout cela me motive encore plus, 91 kms d’effectué et quand je vois l’état de certains, je me trouve en pleine forme. Allez oust……..ne traîne pas là, il faut repartir  afin qu’un lorrain  au moins arrive.
CAUTERETS 925m =>  LUZ ST SAUVEUR 717m   (9,7 Kms et  1075 D+ 1263 D-)   via le col de RIOU  1945 m
Je repars seul, d’un bon pas car l’air est très humide et j’ai froid, j’essaye de bien suivre le balisage. Heureusement un peu de route dans Cauterets  me permet d’activer le pas et de me réchauffer assez rapidement. Je repars à  l’assaut du col de Riou ( 1945 m) 1000 m de D+.
J'attaque le deuxième gros morceau de la nuit avec l'ascension du Col de Rioux, je sais qu'il va falloir serrer les dents, cette montée sera complètement différente, mois dure, je cherche en permanence les balises au loin avec ma frontale afin de ne pas m’égarer, je passe le chalet de la Reine Hortense, l’organisme est mis à rude épreuve encore une fois, un seul petit groupe de 3 personnes me doublera  et j’irais de nouveau piocher dans mes maigres réserves pour arriver en haut de ce col, je ferais  une bonne moitié de cette montée tout seul m’interrogeant encore  sur l’abandon de Philippe et essayant en même temps de positiver, en sortant de la forêt  le jour se lève doucement avant d’aborder la dernière partie de cette montée faites de lacets qui n’en finissent pas, enfin le sommet semble être devant moi, il m’a fallut deux bonnes heures pour en venir à bout.
Un petit portail à franchir et j’aperçois enfin la descente qui m’attend. Le soleil est enfin là, le moral bien entammé reprend le dessus rien qu’a la
vue  fantastique après des heures interminables dans le brouillard, la nuit et sous la pluie. Derrière, au loin au dessus d’une mer de nuages, on aperçoit le Caballiros .
Cette descente chemine dans un premier temps par les pistes très pentues de la station de Luz Ardiden et ensuite celle-ci s’adoucie progressivement,
la fine brume encore présente se dissipe peu à peu. La descente s’effectue dans des sentiers dégoulinants, l’envie de trottiner revient en douceur après le col pour rejoindre un petit ravito au Parking Bederet et c'est reparti en commençant par une bonne rampe d’escalier. J'arriverai à trouver de
bonnes sensations à nouveau, à gratter quelques places et ferai la descente seul mais sans gamelle cette fois, je m’amuse à  nouveau et trottine avec plaisir  franchissant la route à chaque virage, suivant le balisage. Je rattrape une partie du groupe qui m’avait doublé dans la montée du Rioux, nous arrivons à une portion où les traversées de chemins succèdent à d’autres traversées de route  avec ensuite à nouveau une plongée  dans des sentiers très agréables. La pente est assez raide et les cuisses commencent quand même un peu à souffrir J’arrive à Grust après un long chemin empierré, puis un petit chemin et le village de Sazos que nous traversons deux jolis villages, ensuite direction Luz St Sauveur par la route (environ 3 kms).
La descente devient plus monotone voir désagréable, alternant les portions de route et de chemin, je marche sur la route qui me parait à nouveau
interminable il me faudra pas mal de temps pour atteindre Luz alors que je l’ai en visuel depuis longtemps. Luz enfin mais il faut se taper la remontée dans les rues et sous le soleil qui commence à bien chauffer. Arrivée enfin au gymnase, j’entends une voie m’appeler, c’est Philippe
qui prend seulement la navette pour son retour à Vielle Aure.
A mon entrée dans la base vie, mes sensations ne sont pas très positives, je pointe et  prends le temps de passer sous la douche,  une douche glacée qui me rappellera cette  douche identique prise à mi-parcours sur la Diagonale.Ensuite grosse réflexion, et je décide presque aussitôt de redonner mon dossard.
La course est finie pour moi.
Quelques mois après je me demande encore pourquoi  je me suis arrêté là. Physiquement j’étais encore assez véloce, surtout dans les descentes ayant éprouvé plus de difficultés dans les montées. Je pense plus à une chute de motivation, pourtant étonnante, surtout que dans  la dernière descente j’avais retrouvé pas mal de sensations agréables. Ces mauvaises sensations en rentrant dans la grande salle du ravitaillement de Luz suivi de cette douche glacée ont certainement étaient décisives.
Mais l’abandon de Philippe m’a porté déjà un grand coup, moi qui pensais que nous étions enfin partis pour faire un finish ensemble pour la première fois. Lui comme moi avions tout pour terminer et n’étions pas entamés physiquement. Je tire mon chapeau à Didier et Doumet nos deux pétanqueurs du quatuor qui n’ont pu terminer également. Les  mystères de l’Ultra ont encore  frappés et c’est toute  la difficulté  de  ces formidables
épreuves.
Maintenant place  au prochain Ultra et pour moi ce sera la Montagn’Hard certainement.

 

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