Alors que la neige perturbait la circulation à quelques encablures de la Drôme provençale, au col de Lus-la-Croix-Haute précisément, la quatrième édition du Trail de la Drôme Lafuma, s’est disputée certes sous un ciel couvert, mais dans des conditions météo fraîches très favorables à la pratique de la course en pleine nature. A croire que Jean-Pierre Buix maire de Buis-les-Baronnies et sa première adjointe Gilberte Bremond, qui entendent bien faire de leur commune un spot des activités de pleine nature (avec le VTT, le cyclotourisme, l’escalade, le parapente, la course à pied et l’an prochain l’ouverture d’une via ferrata en face nord du Saint-julien) ont la baraka.

Mais la chance ne suffit pas à faire d’une épreuve une manifestation populaire. Il faut aussi savoir séduire les coureurs par des parcours techniques et attrayants. Organisé sous l’égide de la FFA et du Conseil Général de la Drôme dont le savoir-faire en matière d’épreuve outdoor est reconnu, le Trail de la Drôme – Lafuma, a su en quatre éditions seulement se forger une solide réputation auprès de la communauté des trailers. Avec notamment un menu varié comprenant quatre distances (41, 23, 10 et 9 kilomètres), dont le 23 kilomètres comptant, dans le cadre du Trail Tour National, pour l’attribution des titres de Champion de France de trail court. Le 9 kilomètres était une nouveauté dite « technique » permettant de tester leur virtuosité à ceux qui le souhaitait en affrontant un véritable morceau de bravoure proposant plus de 500 mètres de dénivelé sur 4 kilomètres, suivis d’une descente périlleuse au pied des falaises du Saint-Julien.

Quant aux parcours ils empruntaient comme l’an passé, pour le plus grand plaisir des yeux des participants, les « montagnes » formant un amphithéâtre inexpugnable autour des minuscules villages de la Roche-sur-le-Buis et du Poët-en-Percip. Montagne du Chevallet, montagne du Gravas, montagne de la Loube, montagne de Banne, la Nible, autant de croupes et de crêtes si caractéristiques des Baronnies qui font l’attrait de ce coin de la Drôme Provençale.

Plus de 1100 inscrits et un plateau de qualité.

Encore une fois le trail la Drôme – Lafuma aura avec plus de 1100 inscrits fait le plein. Un véritable plébiscite après seulement quatre éditions et dans un calendrier qui pourtant ne fait que s’étoffer d’année en année. Si le 23 kilomètres concentre a lui tout seul 610 inscrits contre 229 sur le 41 kilomètres, un peu plus de 200 sur le 10 kilomètres et une quarantaine sur le 9 kilomètres, il le doit au fait qu’il s’inscrit dans le cadre du Trail Tour National organisé sous l’égide de la FFA. Seconde étape du TTN, on pouvait recenser sur le 23 kilomètres des pointures comme Nathalie Mauclair chez les dames ou Paul Henri Valour chez les hommes, second l’an passé sur la même distance. Si sur le 41 kilomètres Karine Herry, troisième l’an passé, ne prit pas le départ, victime, il y a peu, d’une entorse, on pouvait souligner la présence de Virginie Govignon, Corinne Favre ou Sandra Martin chez les dames et de l’armada du Team Lafuma chez les hommes.

Un vainqueur inattendu sur le 23 kilomètres. Yvan Bizet.

Là où on attendait les spécialistes prés à en découdre toute la saison sur le TTN court, on vit débouler sous l’arche d’arrivée Yvan Bizet. Un inconnu dans le milieu du trail mais pas des connaisseurs du monde de la course à pied. En effet issu du sport scolaire, cet athlète qui débuta par le 1500 et le 3000, assidu des interclubs comme le veux la culture de l’athlétisme, pratiquant le cross l’hiver pour cultiver, pied, relance, trajectoire et vitesse, fut couronné champion de course de montagne junior en 1999 aux Arcs et manqua la sélection pour les mondiaux en 2005 pour des raisons administratives. Interrogé sur la suite de sa saison il confiait après l’arrivée : « Mes objectifs restent axés sur la montagne et notamment sur le Championnat de France qui se disputera à Gap sur le site de Charance dans un mois. Après une seconde place acquise au Trail du Ventoux (parcours court) il y a deux semaines, à quelques secondes du vainqueur, je voulais me tester une nouvelle fois avec des coureurs dont c’est la spécialité. » Essai réussi donc pour cet athlète de 31 ans licencié dans l’Allier et originaire de Moutiers en Savoie. Si bien qu’il n’est pas exclu de le revoir sur le TTN en septembre après la saison de montagne, pour le fun et peut-être aussi pour la gagne.

Stéphanie Duc l’emporte chez les dames.

Là où l’on attendait Nathalie Mauclair, seconde des Templiers 2011, c’est Stéphanie Duc qui remporte la victoire. Une victoire qu’elle sera venue grignoter au fil des kilomètres. On devra encore compter cette année sur cette athlète d’Albertville pour la victoire finale du TTN court après une 3 éme place en 2010.

Michel Lanne et Sandra Martin sur le trail long (41 kilomètres).

Quand on demande à Michel Lanne s’il est le futur Killian Jornet français du trail il sourit avec beaucoup d’humilité. « Cette année j’ai prévu de retourner au Grand Raid de la Réunion pour faire mieux après une septième place l’an passé, mais si je fais sixième ce sera parfait ». Ce membre du PGHM de Briançon de 27 ans, qui n’a qu’une seule saison de trail derrière lui et qui vient d’intégrer le Team Salomon, a cependant un potentiel certain quand on sait avec quelle facilité il a lâché ses principaux adversaires au train. Originaire des Pyrénées, il peaufine sa préparation en pratiquant alpinisme et ski de montagne et envisage de se consacrer à l’avenir à l’ultra. Dans l’immédiat il aura le loisir de goûter ce qu’il pouvait qualifier après l’arrivée « de course idéal ». Chez les dames après l’abandon de Virginie Govignon, avouant n’avoir pas digéré, entre autres, la fatigue de l’Eco Trail et préférant se préserver pour le reste de la saison, restaient à la lutte, Corinne Favre et Sandra Martin. C’est cette dernière, qui revenant sur la savoyarde en fin de course, franchira la ligne d’arrivée en vainqueur du parcours long.

Crédit photos : Cyril Crespeau