Une vraie innovation dans la région Midi-Pyrénées et un vrai succès populaire : le 1er Forest Trail était vraiment très attendu par tous les traileurs du coin et les autres aussi… Et au final c’est le sentiment d’avoir participé à quelque chose de différent, de spécial, de grand aussi, qui prédomine. Retour sur un samedi soir vraiment pas comme les autres.

A n’en pas douter, il doit bien y avoir dans la région d’autres organisateurs qui se sont dits : « et si nous mettions sur place une épreuve de nuit? Toute de nuit. Ce serait à coup sûr quelque chose d’assez innovant pour retenir l’attention… » Mais tout aussi sûrement, tous les projets ont dû rester dans les cartons car jamais nous n’en avons entendu le moindre mot. Jusqu’à la fin de l’année passée où des membres du Mac’Adam Colomiers, ceux-là même qui mettant sur pied depuis plus de dix ans donc les fameux Boulevards qui regroupent plus de 1000 coureurs le premier dimanche de septembre, ne nous mettent la puce à l’oreille. «Vous allez voir, nous voulons faire quelque chose de différent…» Et puis plus rien. Et puis lors d’une énième édition des Boulevards donc, les premiers foyers sont sortis au grand jour. Là il n’est plus question de projet, la course est déjà calée, programmée et beaucoup sont ceux qui s’en lèchent les babines. Imaginez plutôt, une épreuve en plein mois de février avec un départ quasiment de nuit et un parcours tout autour de la forêt de Bouconne? De quoi rêver pour amateurs de sensations fortes… Frontales obligatoires en tout cas !

Samedi 19 février, la première édition a donc eu lieu. Le Mac’Adam Colomiers s’est rapproché des «Vélocyraptors» de Pibrac. Et cette alliance, faite et autour de vrais passionnés, avec à leur tête, un certain Rodolphe Charrier qui n’aurait pas hésité à faire plusieurs fois d’affilée le parcours dans sa totalité, va faire toute la différence. Même si la météo, bien sûr, va un peu corser les choses. Mais reprenons depuis la fin !

Samedi soir vers 22h30. Une des salles de la base de loisirs de Bouconne est prise d’assaut. C’est là que se feront remise des dossards, ravitaillement, remise des prix et distribution de soupe chaude et sandwich. Bref le QG du Forest Trail. Les magasins et marques présentes ont installé depuis 14h déjà leur barnum en contre-bas, ce qui forme comme un petit village d’arrivée. Mais dans la nuit, on ne voit guère plus loin qu’à deux ou trois mètres. La pleine lune se cache derrière un plafond de nuages plutôt bas. Dans la salle, l’ambiance est au rendez-vous. On essaye de récupérer tant bien que mal. Chacun y va de son petit commentaire. « Moi je me suis perdu à cet endroit! » « Moi j’ai trouvé que c’était hyper bien balisé. Difficile de faire mieux, même si la nuit, il faut toujours faire hyper gaffe à tout. » La saucisse chaude et la bière qui va avec permettent de délier toutes les langues et on ne voit pas les heures passer… On est mieux que devant la télé de toutes façons. Mais dehors, dans la nuit noire, il y a ceux qui en « chient » encore et toujours. A cette heure, les tous premiers juste du long parcours, celui de 46 kilomètres, sont arrivés au bout. Et ils ont mis plus de quatre heures. C’est tout dire. Les trois potes, spécialistes de ce genre d’efforts, Vincent Rivoire, Sébastien Perrier et Xavier Geay, ne se sont pas quittés. Ils n’ont pas voulu risquer de se perdre, de s’égarer… Seul Vincent, victime d’une mauvaise chute, avec un fracture de l'épaule, aura bien failli ne jamais voir le bout de cette nuit de folie. Mais ses deux acolytes du moment ne l’auront pas laissé traîner dans ce noir absolu. Ils l’ont donc attendu et ont fini main dans la main. C’est ça aussi le trail. Et les derniers mettront donc le double de temps… Près de huit heures d’effort et d’interrogations avec des yeux qui se ferment tout seul vers 2h du mat. A l’heure où l’on est censé s’amuser en boîte.

Tout avait donc démarré vers 18h15 avec un premier départ. 70 équipes de deux coureurs pour un relais de 46 kilomètres avec passage de témoin à l’abbaye de Saint-Cécile et 180 solos sur ce même parcours. Cela part sur les chapeaux de roue. Mais il est vrai que l’on essaye de profiter au plus de la légère clarté du jour déclinant. Mais une demi-heure plus tard, c’est déjà bien sombre et dès que l’on rentre dans le premier bois, c’est déjà le paradis de la frontale. La grande difficulté de la soirée hors-norme aura été de réussir à lire l’état du terrain. « Où est-ce que ça glisse?» « Où est-ce qu’il y a un petit trou? Un légère anfractuosité? » Impossible de tout voir, de tout sentir. Surtout qu’il faut aussi chercher les rubalises réfléchissantes. Rien n’est tout à fait pareil et les halos de lumières qui marquent les habitations ou les villages sont autant d’oasis qui font chaud au coeur...

Sur le relais, Rémy Jégard passera le relais en tête à Patrice Bruel. Mais derrière Régis Labro n’est pas loin et lui passe le témoin à Eric Maire, un spécialiste du genre. Patrice a les mauvaises chaussures, il ne fait que glisser, tomber et re-tomber. Eric est déjà parti. Il est seul au monde. Il gagne le relais. Le trio pour le parcours en individuels ne se quittera donc pas. Patrick Bruni ne sera pas si loin derrière.

A 18h30, sera donc aussi donné le départ du petit parcours, celui de 21km autour de la forêt. Là Nicolas Miquel, très en vue en ce début de saison, fait rapidement la différence. Il le payera d’ailleurs le lendemain du côté d’Aucamville, mais c’est une autre histoire… Magali Alquier, profite, elle, d’une erreur de parcours de la première, pour prendre la tête et l’emporter.

Le premier Forest Trail a donc rempli toutes les espérances. On en redemande déjà. La trilogie des trails d’hiver dans le département est ici conclue. Et c’est sans doute le plus gros « buzz » de tous car si les organisateurs n’avaient pas décidé de stopper très rapidement les inscriptions pour garantir une sécurité maximale, tout porte à croire que la barre des 1000 aurait été franchie. Et oui tout de même…Vive le trail et vive l’aventure !